Oui, la COVID-19 peut s’attraper aux WC en inhalant des particules virales présentes en suspension dans l’air, et peut-être aussi en touchant des surfaces contaminées.
Les toilettes sont des pièces étroites non ventilées. Au moins un cas de contamination dans les toilettes d’un avion a été rapporté : la personne contaminée avait retiré son masque dans les toilettes. Donc gardez votre masque aux toilettes !
Les particules virales sont présentes dans les aérosols. Ces aérosols peuvent avoir été expirés par les personnes précédentes ou produits lorsque la chasse d’eau est tirée. En effet, les selles des personnes infectées par le coronavirus SARS-CoV-2 contiennent de nombreuses particules virales. Cela semble être lié au fait que le récepteur ACE2, sur lequel se fixe le coronavirus pour rentrer dans les cellules, est présent à la surface du tube digestif. Quand on tire la chasse d’eau, un peu d’eau de la cuvette est projetée sous forme de gouttelettes dans l’air (aérosolisation). En conséquence, il est possible que le virus s’attrape aux toilettes.
Par mesure de précaution : lavez bien vos mains en sortant des des toilettes, nettoyez régulièrement le siège à l’alcool, prenez du papier pour toucher les poignées de porte, l’abattant de toilette et les boutons des toilettes et refermez bien la cuvette des toilettes avant de tirer la chasse d’eau. Aérez la pièce des toilettes avec de l’air extérieur le plus possible. Les personnes qui s’occupent de jeunes enfants et de personnes âgées doivent aussi faire particulièrement attention à la manipulation des couches.
Quatre études ont mis en évidence des contaminations par les tuyaux d’évacuation des toilettes. En Corée du Sud, à Hong-Kong et à Guangzhou en Chine, plusieurs personnes ont été contaminées dans des appartements par les tuyaux de drainage qui reliaient leur salle de bain à un autre appartement du même immeuble dans lequel leurs voisins étaient atteints de la COVID-19. Ajoutez de l’eau régulièrement dans vos siphons (tuyaux en U) pour conserver l’étanchéité.
SOURCES
Etude très détaillée des 310 passagers d’un vol Milan-Corée du Sud : visite médicale dans l’aéroport avant de partir, seuls les asymptomatiques ont pris l’avion (11 symptomatiques n’ont pas pris l’avion), masques obligatoires pendant toute la durée du vol sauf aux toilettes, quarantaine de 14 jours en arrivant en Corée et suivi médical pendant les 14 jours, tests COVID-19. Une personne de 28 ans a été contaminée lorsqu’elle a enlevé son masque pour aller aux toilettes lors de ce vol Milan-Corée du Sud. Cette personne s’était mise en quarantaine pendant 3 semaines seule à son domicile en Italie avant le vol et n’avait pas utilisé les transports en commun pour se rendre à l’aéroport. Elle a eu les premiers symptômes 8 jours après le vol. Dans l’avion, elle a utilisé les mêmes toilettes qu’une personne pré-symptomatique (testée positive 2 jours après le vol). Les 18 membres de l’équipage de cabine et du personnel médical n’ont pas été contaminés. Ils portaient tous des masques.
Autour d’un patient atteint de COVID-19 à Singapour, qui toussait et qui avait une forme légère de la maladie, le virus SARS-CoV-2 a été retrouvé en quantités importantes sur la cuvette des toilettes.
Dans la chambre d’une personne en quarantaine à Qingdao en Chine, de nombreux échantillons ont été collectés pour détecter la présence du coronavirus SARS-CoV-2. La plus grande quantité de virus a été détectée sur la cuvette des toilettes.
Le coronavirus SARS-CoV-2 a été isolé des fèces de 3 patients atteints de la COVID-19. Les particules virales ainsi isolées de 2 des 3 patients se sont avérées infectieuses quand elles ont été testées sur des cellules en culture.
De l’ADN du virus (de 500 à 100.000 copies par mL) a été retrouvé par RT-PCR dans les selles de 9 personnes sur 17 personnes infectées testées, à 0-13 jours après les premiers symptômes. Ces quantités sont moins importantes que celles observées dans les échantillons respiratoires.
Des particules virales ont été retrouvées par RT-PCR dans les selles de 8 personnes (dont 6 enfants) parmi 27 personnes infectées testées. Quatre semaines après le début de l’infection, un adulte et deux enfants (2 et 3 ans) présentaient toujours des particules virales dans leurs selles alors qu’ils n’en avaient plus dans leurs prélèvements de nez et de gorge.
Le virus est présent dans les selles de patients COVID-19.
Une méta-analyse de 60 études, représentant un total de 4243 patients COVID-19, indique que 17% des patients ont des symptômes gastro-intestinaux et que 48% des patients ont des selles présentant des particules virales pendant l’infection. Parmi ces cas positifs, pour 70 % d’entre eux, des échantillons de selles collectés après la perte de détection du virus dans les échantillons respiratoires contenaient toujours le virus.
Lors de l’épidémie de SARS en 2003, 99 personnes vivant dans le même immeuble ont été contaminées à partir d’un seul appartement, dans lequel une personne infectée avait la diarrhée. Une étude approfondie montre que les déclenchements de chasse d’eau ont entraîné une aérosolisation des particules virales qui étaient présentes dans les selles. Ces particules se sont alors répandues dans la salle de bain, sont passées par un ventilateur d’extraction et ont ensuite pénétré dans les appartements des étages supérieurs.
Même après avoir tiré la chasse d’eau plusieurs fois, une partie des particules virales sont encore présentes dans l’eau de la cuvette. De plus, lorsque l’on tire la chasse d’eau, de nombreuses gouttelettes contenant des bactéries et des particules virales se forment et peuvent se retrouver à plus d’un mètre de la cuvette des toilettes.
Modélisation mathématique qui suggère l’existence d’une voie de transmission alternative du virus qui ne passe pas par la contamination directe de personne à personne.
En avril 2020, à Shanghai, les personnes témoignent qu’en quarantaine, de retour de l’étranger, ils doivent, avant de quitter leur chambre d’hôtel, décontaminer leurs toilettes : ajouter des comprimés chlorés dans la cuvette des toilettes, attendre 1h puis tirer la chasse d’eau (Xinyu Jia, communication personnelle).
Présence du SARS-CoV-2 dans les eaux usées.
La protéine ACE2 est abondante dans les poumons et l’intestin grêle.
Indication que le virus SARS-CoV-2 induit des lésions dans les cellules qui bordent le petit intestin et pourrait ainsi entraîner les symptômes gastro-intestinaux.
Deux couples ont été infectés car ils vivaient dans deux appartements situés au-dessus d’un appartement où plusieurs personnes ont été atteintes de la COVID-19. Les 3 familles ne se connaissaient pas, et n’avaient pas partagé les ascenseurs pendant la période de contagion. L’investigation suggère que la contamination a eu lieu par la chasse d’eau des toilettes qui a libéré des aérosols qui se sont déplacés dans le système de drainage et ont abouti dans les salles de bains des appartements. Il est probable que l’eau des pièges de drainage en U situés sous la baignoire s’était évaporée (car la baignoire n’est pas utilisée régulièrement) et qu’il n’y avait donc plus d’étanchéité entre les appartements. De plus, les deux couples qui ont été infectés n’ouvraient jamais la fenêtre de leur salle de bains.
A la maison Heng Tai de la propriété Fu Heng à Hong-Kong, un homme de 59 ans vivant dans l’appartement 13 du 34e étage a probablement été infecté par deux personnes atteintes de la COVID-19 qui vivent dans l’appartement 13 du 32e étage.
Dans l’immeuble Luk Chuen de Lek Yuen Estate à Hong-Kong, 4 appartements dans lesquels 6 résidents ont été infectés – 710, 810, 1012 et 1112 aux 7e, 8e, 10e et 11e étages, respectivement – étaient reliés à l’appartement du patient index – 812 au 8e étage – par des tuyaux de drainage verticaux interconnectés.
Dans un immeuble à Séoul, les personnes de 7 appartements ont été contaminées à quelques jours d’intervalle. Ces personnes ne se connaissaient pas et les 7 appartements partageaient les tuyaux d’évacuation des salles de bain.