Pour éviter un confinement total, une stratégie consisterait à sortir, travailler et avoir une vie sociale pendant 4 jours puis se confiner et télétravailler pendant 10 jours. Cette stratégie repose sur le fait que le pic de contagion de la plupart des malades commence 3-4 jours après avoir été infecté et dure 4-5 jours. Des chercheurs ont évalué cette stratégie et concluent qu’elle est aussi efficace que le confinement total pour minimiser le risque de contagion.
Pour limiter la propagation de l’épidémie de COVID-19, la plupart des pays ont mis en place des périodes de confinement, obligeant la population à rester dans son logement ou dans un lieu spécifique. La stratégie de confinement a permis de limiter la propagation du coronavirus, en réduisant le taux de reproduction moyen (R) du SARS-CoV-2, c’est-à-dire le nombre moyen de personnes infectées par une personne porteuse du coronavirus. Quand le R passe en dessous de 1, cela signifie qu’une personne contagieuse infecte en moyenne moins d’une personne, ce qui fait disparaître l’épidémie progressivement.
Le confinement ne peut pas durer plus de quelques mois pour des raisons psychologiques et socio-économiques. Après la fin d’un confinement, on peut assister à la réapparition de foyers de contamination et à l’augmentation du R dans certaines régions. Aujourd’hui, nos connaissances sur la COVID-19 permettent d’envisager des solutions alternatives pour réduire la transmission du coronavirus SARS-CoV-2 sans passer par un confinement total.
La particularité du coronavirus SARS-CoV-2 est qu’il est contagieux avant l’apparition des symptômes de la COVID-19. En se basant sur les caractéristiques temporelles de la période d’incubation et de contagion, on peut proposer des mini-cycles de confinement : 4 jours sans confinement puis 10 jours de confinement qui limiteront la possibilité qu’une personne en contamine d’autres.
Les cycles “4 jours dehors – 10 jours dedans” empêchent les personnes infectées pendant les 4 jours sans confinement de répandre la maladie puisqu’elles sont confinées pendant les jours de leur période contagieuse.
Une étude estime que cette stratégie “4 jours dehors – 10 jours dedans” est aussi efficace qu’un confinement total : en diminuant le nombre de contacts entre personnes de 70%, le taux de reproduction R passe sous la barre des 1. Cette étude n’a pas analysé l’effet de cycles de confinement d’une durée plus courte.
Un intérêt de cette approche est de sauvegarder 40% de l’économie, mais aussi de continuer à avoir une vie sociale et d’éviter les problèmes cognitifs et psychologiques induits par l’isolement dans le cadre d’un confinement total. La mise en place de l’alternance d’équipes dans les milieux professionnel – avec deux équipes qui font leur 4 jours de travail sur des semaines alternées – permet une continuité dans l’activité économique, sans diminuer l’efficacité de la stratégie.
Cette stratégie de confinement est fondée sur les résultats d’un modèle qui dépend de plusieurs paramètres et qui fait les hypothèses suivantes :
- une période de latence (temps entre le moment de la contamination et le début de la période contagieuse) de 3 jours, ce qui est cohérent avec les données actuelles. Voir la question Combien de temps une personne est-elle contagieuse ?.
- un pic de contagiosité qui commence environ 3 jours après l’exposition au coronavirus et qui dure 3-5 jours, ce qui est cohérent avec les données actuelles. Voir la question Combien de temps une personne est-elle contagieuse ?.
- un taux de reproduction R inférieur à 3 pendant les périodes de travail, ce qui semble correct vu que le R moyen au début de l’épidémie avant la mise en place des mesures barrières était en moyenne de 3
- une diminution d’au-moins 80% de la probabilité de contagion pendant les périodes de confinement, ce qui semble en accord avec les données actuelles
- une période d’incubation (temps entre le moment de la contamination et le début des symptômes) de moins de 10 jours, ce qui est le cas pour 90% des malades
Un confinement total peut avoir des conséquences graves à long-terme sur le plan économique, social et psychique. Pour continuer à lutter efficacement contre la propagation de la maladie, la stratégie d’alternance de cycles de 4 jours dehors et 10 jours confinés est une alternative prometteuse. Même si cette stratégie n’est pas mise en place à grande échelle, l’appliquer de manière individuelle est efficace puisque cela permet au moins de diminuer sa propre probabilité d’infecter d’autres personnes. Bien entendu, ne faites pas cela si vous êtes vulnérable, car cette stratégie ne vous protège pas de la contamination : restez vigilant !
SOURCES
Modèle estimant la croissance épidémique en fonction de différentes applications de la stratégie “4 jours dehors et 10 jours confinés”. Le nombre de contacts entre personnes diminue de 70%, permettant de maintenir un taux de reproduction R inférieur à 1.
La contagion commence 2,3 jours avant la survenue des symptômes, qui eux-mêmes commencent 5 jours après l’infection en moyenne, ce qui donne une période de latence de 2,7 jours.
Un modèle estime la période de latence à 3,7 jours pour l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2.
Il a été observé que les patients commencent à s’isoler en moyenne 2,9 jours après la survenue des premiers symptômes. Même si les patients restent contagieux quand ils sont isolés, ils ne contaminent plus personne. On estime donc la période contagieuse à partir du moment où ils deviennent contagieux, soit environ 2 jours moyens de contagion pré-symptomatique jusqu’à leur isolement, puis 2,9 jours après l’apparition des symptômes, ce qui fait au total une période de contagion de 4,9 jours.
Dans cette étude, il a été observé que les patients commencent à s’isoler en moyenne 4,6 jours après la survenue des premiers symptômes, soit une période où ils risque de contaminer quelqu’un de 6,6 jours en ajoutant les 2 jours moyens de contagion pré-symptomatique.
Une analyse de modélisation montre qu’une stratégie “4 jours dehors et 8 jours confinés” est efficace pour stopper la propagation de l’épidémie SARS-CoV-2.
Une méta-analyse (13 études en Chine) estime R0 entre 2.8 (médiane) et 3.3 (moyenne).
Une analyse des contacts entre les gens est compatible avec une diminution de la contagion R de 85 à 90% après un confinement.
Une analyse économétrique estime que les politiques de confinement diminuent le taux de contagion (R) de 82%.
Basé sur 181 cas en Chine, on observe que dans 90% des cas l’apparition des symptômes se fait dans les 10 jours qui suivent l’infection. Après l’apparition des symptômes, les malades peuvent théoriquement s’isoler pour éviter de contaminer d’autres personnes.