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Que disent les chiffres en France sur l'efficacité du vaccin ?
Texte mis à jour le 2022-06-14
Les chiffres de décembre 2021 et janvier 2022 en France montrent que le vaccin réduit considérablement les risques de formes graves et de décès.
Nous avons ré-analysé les données publiées par la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) concernant le nombre de personnes touchées par la COVID-19 en France. Nous nous sommes focalisés sur la période entre le 1er décembre et le 30 janvier 2022, qui recouvre l’essentiel de la cinquième vague de contaminations.
Parmi les adultes de 20 ans et plus (51 millions de personnes, dont 8% qui n’étaient pas vaccinées), il y a eu au cours de ces deux mois 11 296 décès, 15 753 hospitalisations en soins critiques et 82 636 hospitalisations en soins conventionnels. Les personnes non-vaccinées représentaient 42% des décès, 50% des hospitalisations en soins critiques et 37% des hospitalisations en soins conventionnels. La comparaison des fréquences de cas en fonction du statut vaccinal indique que les taux de décès est 11 fois plus élevé parmi les personnes non-vaccinées que chez les personnes vaccinées avec rappel. Il est 16 fois plus élevé pour les hospitalisations en soins critiques et 8 fois plus élevé pour les hospitalisations en soins conventionnels.
Distribution des cas en fonction du statut vaccinal parmi les personnes de 20 ans et plus, résidant en France, au cours des mois de décembre 2021 et janvier 2022 :
Population totale : 50,7 millions dont :
- non-vaccinés : 4,1 millions (8%)
- vaccinés sans rappel : 27,0 millions (53%)
- vaccinés avec rappel : 19,6 millions (39%)
Nombre total d’hospitalisations conventionnelles : 82 636 soit 1 631 cas par Million de personnes (abrégé /M ci-dessous) :
- non-vaccinés : 30 826 (37%) 7437 cas/M
- vaccinés sans rappel : 33 408 (40%) 1239 cas/M ÷ 6
- vaccinés avec rappel : 18 402 (22%) 941 cas/M ÷ 8
Nombre total d’hospitalisation en soins critiques : 15 753 soit 311 cas/M :
- non-vaccinés: 7873 (50%) 1 899 cas/M
- vaccinés sans rappel : 5516 (35%) 204 cas/M ÷ 9
- vaccinés avec rappel : 2364 (15%) 121 cas/M ÷ 16
Nombre total de décès : 11 296 soit 223 cas/M :
- non-vaccinés : 4 802 (42%) 1 158 cas/M
- vaccinés sans rappel : 4 501 (40%) 167 cas/M ÷ 7
- vaccinés avec rappel : 1 992 (18%) 102 cas/M ÷ 11
Les chiffres précédés du signe de la division indiquent par combien le risque est divisé pour les vaccinés par rapport aux personnes non vaccinées.
Par ailleurs, les données de la DREES montrent que le taux d’incidence (nombre de tests PCR positifs rapporté à la population) est réduit de 44% chez les vaccinés sans rappel, et de 65% chez les vaccinés avec rappel par rapport aux non-vaccinés. Il y a donc moins de cas de COVID-19 chez les personnes vaccinées que chez les personnes non-vaccinées. Même si le vaccin n’a pas été suffisamment efficace pour empêcher la cinquième vague, il semble néanmoins avoir contribué à ralentir la transmission du virus, et ainsi à limiter la pression sur les services hospitaliers.
Parmi les jeunes de moins de 20 ans (16 millions de personnes, dont 63% qui n’étaient pas vaccinées), les fréquences de formes graves sont beaucoup plus limitées. Au total, il y a eu 29 décès, 906 hospitalisations en soins critiques et 7469 HC. Le taux d’hospitalisation en soins conventionnels est 2 fois plus élevé chez les non-vaccinés (5 378 hospitalisations en soins conventionnels) que les vaccinés (2 091 hospitalisations en soins conventionnels). En revanche, en termes de risques de décès, il n’y a pas de différence significative entre vaccinés (15 décès) et non-vaccinés (14 décès). De même, le taux d’hospitalisations en soins critiques n’est pas significativement différent entre vaccinés (364 hospitalisations en soins critiques) et non-vaccinés (542 hospitalisations en soins critiques). Les bénéfices de la vaccination sont donc moins flagrants pour cette tranche d’âge que pour le reste de la population. Il faut noter cependant qu’une évaluation plus rigoureuse des effets de la vaccination nécessiterait de prendre en compte l’hétérogénéité des risques au sein de cette population (les données de la DREES ne fournissent pas d’informations plus fines sur l’âge des individus ni sur leurs éventuelles comorbidités).
En conclusion, les chiffres de décembre 2021 et janvier 2022 en France sont en accord avec de précédentes analyses publiées dans la littérature scientifique et sont conformes au discours des autorités sanitaires : le vaccin réduit considérablement les risques de formes graves et de décès.
Sources
Données publiées par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) sur les cas positifs COVID-19. Les données analysées ici ont été téléchargées le 14 février 2022 sur le site de la DREES.
Données de la DRESS. Accès en février 2022.Dagan N, Barda N, Kepten E, Miron O, Perchik S, Katz MA, Hernán MA, Lipsitch M, Reis B and Balicer RD (2021) BNT162b2 mRNA Covid-19 Vaccine in a Nationwide Mass Vaccination Setting. New England Journal of Medicine. 384:1412-1423.
Barda N, Dagan N, Cohen C, Hernán MA, Lipsitch M, Kohane IS, Reis BY and Balicer RD (2021) Effectiveness of a third dose of the BNT162b2 mRNA COVID-19 vaccine for preventing severe outcomes in Israel: an observational study. The Lancet 398:2093–2100.
Analyse complète des données publiées par la DREES réalisée par Laurent Duret.
Duret L. (2022) Impact de la vaccination sur la pandémie de Covid19 en France pendant l'hiver 2021/2022. ZenodoPour aller plus loin
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